Compte-rendu avec Sabri Méle, président de l'association,
le 20/08/04 :
- la récente réunion, début août, à la mairie d'Annaba, a réuni le maire, son staff technique et le bureau d'In Mémoriam. Il a été question des travaux à venir du mur d'enceinte et de l'entretien du cimetière.
Au sujet du mur, cela avance bien et il est prévu un financement conjoint APC (mairie), Consulat de France et Willaya. Sabri a évoqué le courrier de demande d'aide que j'ai adressé au Sénateur - Maire de Saint-Etienne (ville jumelée) et de l'écoute attentive des bônois que ce soit individuellement ou par le biais d'associations. Il leur a transmis nos remerciements, nos encouragements à poursuivre.
Une prochaine réunion de travail est programmée le 20 septembre 04.
- J'ai évoqué avec Sabri le récent voyage d'une compatriote qui a visité les cimetières de Constantine, Condé-Smendou, Philipppeville et de Bône et qui me posait la question, étant donné l'ampleur de la tâche et des constats douloureux différents selon les cimetières en question, si In Mémoriam ne s'occupait que de celui de Bône.
Puisque j'en avais déjà parlé avec Sabri lors de mes voyages de 2002 et 2003 là-bas, il m'a répondu la même chose que ce que j'ai écrit à cette compatriote désireuse de s'impliquer pour le défense de notre patrimoine : In Mémoriam a pour vocation de s'occuper de tous les cimetières de l'Est, mais la réalité veut que compte-tenu de l'ampleur de la tâche et de la disponibilité en temps et en moyens que cela représente, ils ne peuvent pas, malgré leur bonne volonté, s'atteler à un tel ouvrage que nécessiterait un emploi à plein temps car la situation obligerait à un gros travail de recensement, d'état des lieux, de mise en route de travaux….
Donc, ils font au mieux et au plus proche, prenant sur leur temps libre (qu'ils rendent libres pour cela), d'où l'inévitable limitation de leurs actions.
- Le nouveau Consul conscient de l'étendue du problème, et répondant aux directives prises pour nos cimetières suite au déplacement du président Chirac en Algérie en mars 2003, a prévu pour 2005 des travaux de réfection des cimetières de Bugeaud et de Morris, proches d' Annaba. C'est une œuvre de longue haleine demandant volonté, partenariats, sensibilisations, moyens et persévérance en sachant que si pour beaucoup de cimetières, il est déjà trop tard, tâchons de faire, tous ensemble, au plus, au mieux pour le maximum de ce qui restent. N'oublions pas qu'en 1962 il y avait prés de 1000 cimetières chrétiens et juifs sur l'ensemble du territoire algérien, donc des centaines dans le seul Constantinois, que nous n'avons pas, ou si peu, visité durant des décennies.
Il est toujours prévu et à l'ordre du jour pour l'ensemble du territoire algérien, ce qui avait été proposé par l'A.S.C.A (Association pour la Sauvegarde des Cimetières en Algérie), le regroupement des cimetières de petits villages vers les grands cimetières (ossuaires) car il est évident que tout n'est pas sauvegardable.
A la lecture de la presse algérienne, j'apprends que récemment, reçus par des familles annabies, 40 bônoises et bônois étaient en août dans notre ville, avec passage obligé par le cimetière. De tels voyages renouvelés (200 mostaganemois il y a peu en visite à Mostaganem…) feront bouger les bonnes volontés, créerons des initiatives, montreront notre attachement et notre fidélité, faisant ainsi évoluées positivement les choses. Il faut y croire, le faire savoir, encourager, mobiliser toutes les générations…
- J'ai demandé à Sabri, très pris actuellement, qui aura bientôt une adresse email, de faire le point par écrit des difficultés auxquelles il se heurte, de ce qu'il peut entrevoir comme réponses à certains problèmes, et comment il envisage, afin d'une plus grande efficacité dans la durée, une contribution solidaire des bônois et autres constantinois pour épauler, renforcer l' action de l'association. Je vous en informerai donc en temps et en heure afin de nous mobiliser avec des objectifs raisonnables.
Pour ma part, après mûr réflexion sans que cela ne soit ni exhaustif, ni définitif comme appréciation, voilà ce que je pense et que je livre à votre à sagacité . Il est nécessaire pour réussir ce pari de sauver un maximum de ces lieux de :
. soutenir de toutes les façons possibles In Mémoriam (comme d'ailleurs l'A.S.C.A - Roger Latapie Le Beverly 226 B av. de la lanterne 06200 NICE)
- pour ce qui est notre patrimoine commun, c'est à dire l'ensemble des cimetières en Algérie), notamment par des lettres d'encouragement , mais aussi y adhérer (j'aurai bientôt RIB et fiche d'adhésion à vous transmettre) afin de lui donner vis à vis de ses interlocuteurs, le poids du nombre et d'une représentativité accrue, mais aussi lui donner des moyens financiers pour amplifier son action de nettoyage, voire de recensement, d'étude de projets à mener à bien.. ;
. d'interpeller par courriers répétés, d'encouragement, de critiques constructives, de propositions… les Autorités algériennes et françaises, les Députés de vos circonscriptions, les Présidents des Conseils généraux et régionaux pour demander leur aide pécuniaire à partir du moment où des projets concrets sont bâtis (exemple pour le mur du cimetière de Bône, mais aussi peut-être pour des gros travaux de réhabilitation…), mais aussi le soutien par des villes françaises jumelées(mairies) avec le soutien d'associations pied-noires s'il y en a.. ;
. peut-être réfléchir à un mandat qui puisse être donné à une personne de confiance reconnue, pour une année d'étude de la situation pour tout le Constantinois et des solutions raisonnables pouvant être envisagées afin de trouver les partenaires pour ce faire. Bien sûr, cela demanderait une rémunération dont on pourrait réfléchir au financement (subventions publiques, privées, associatives, mixtes…). Ainsi on pourrait savoir précisément ce qui en est, avec un ordre de mission en ce sens, et avoir des actions concrètes ;
. récolter des fonds en mettant à contribution nos compatriotes pour l'unique objet de la remise en état de nos cimetières, fonds dont la recherche serait confier à nos associations pieds-noires pouvant mettre en route d'originales actions (exemple, en bien plus modeste, du Téléthon), centralisés entre les mains d'une Autorité Morale reconnue par tous et mis à disposition en fonction des besoins répertoriés, d'association comme l'ASCA et In Mémoriam (qui existe aussi dans l'Algérois et l'Oranie).
Bien sûr, en rêvant beaucoup et tout haut, car on est là dans le domaine de l'utopie, on pourrait penser qu'une participation de 30 euros par chacun des 700 000 Pieds-Noirs, nés en Algérie, toujours en vie, ramenant 21 millions d'euros, suffirait à nous débrouiller tout seul, tout en mobilisant d'autres participation, pour résoudre matériellement ce douloureux problème. Néanmoins l'expérience m'amène à penser que, les premiers concernés, c'est à dire notre communauté, ne se sentant pas pour beaucoup " très concernés " sinon cela se saurait, ce qui paraît simple est inaccessible, dommage ! Il est par conséquent plus difficile de réclamer d'autrui, ce que nous devrions nous imposer à nous-mêmes ;
. solliciter, alerter les médias où se trouvent nombre de compatriotes pour des articles, ou par le biais des courriers des lecteurs notamment. A la Réunion où je vis, j'ai pu souvent faire traiter par la presse locale de ce sujet, notamment lors des cérémonies de jets de fleurs à la mer que j'ai initié il y a 10 ans et qui se perpétue ;
. Pour finir, parce qu'un cimetière entretenu le protége et rappelle à la mémoire des hommes le souvenir de ceux qui y sont inhumés, localement et au-delà de la Méditerranée, pourquoi ne pas prévoir chaque 1er novembre le fleurissement maximum des principaux cimetières de l'Est en leur donnant le plus d'écho possible puisque aujourd'hui, tant du côté français qu'algérien, ce sujet est à l'ordre du jour de la recomposition des rapports franco-algériens ?
Voilà ce qu'à ce jour je pouvais vous dire.
Piednoirement vôtre.
Eric-Hubert WAGNER